Ces secteurs qui se réinventent grâce au digital
Les projets de transformation digitale s’accélèrent d’autant plus dans les secteurs touchés de plein fouet par la crise sanitaire de la Covid-19. Alors que pour certaines entreprises c’est la pérennité même de leur activité qui est menacée, le digital apparaît alors comme un support efficace à la mise en place d’une organisation différente.
C’est par exemple le cas des secteurs de la culture, de l’événementiel ou encore des salons qui, aujourd’hui, n’ont d’autres choix que de se réinventer pour éviter de perdre 100 % de leur chiffre d’affaires. Cette démarche passe, pour nombre de ces manifestations, par le digital.
Beaucoup s’y sont d’ailleurs frottés pendant le confinement et capitalisent sur cette expérience pour prolonger, parfois même durablement, l’expérience. D’autant que la crise continue de leur imposer des contraintes sanitaires et des règles strictes, en matière d’accueil du public.
Ainsi le Groupe Mazarine, l’un des leaders en France de l’événementiel de luxe et de la communication digitale, a notamment proposé à ses clients, et en collaboration avec La Mode en Image (entreprise qui conçoit, produit et organise des défilés et événements sur-mesure dans le domaine du luxe, de la mode et de la beauté), la production et la virtualisation de tous leurs événements. En parallèle, Mazarine a accéléré la mise en place d’un projet digital interactif sur lequel le groupe « planchait » en R& D depuis près d’un an, le Smart Player. Coût de fabrication : entre 300 000 et 400 000 euros.
« C’est un « tout en un » que les marques peuvent « plugger » sur leur site Internet et où elles peuvent présenter leurs produits en 3D, leur nouvelle collection, permettre aux internautes d’assister en live à un défilé, de « liker » un produit et de l’acheter ou de le précommander en ligne… », déclarait Johanna Worth, vice-présidente New Business de Groupe Mazarine dans une interview accordée aux Echos. Quatre grandes marques ont déjà signé. Mazarine ambitionne de conclure avec une dizaine d’ici la fin 2020.
Le digital au chevet du monde de l’événementiel
Le concept de l’hybridation a également été retenu par le Festival International du Film et du Livre d’Aventure (Fifav) qui se tient chaque année en novembre à La Rochelle.
« Pendant le confinement, nous avions déjà intégré sur notre site Internet une plateforme digitale, pour diffuser certains films de nos précédentes éditions, explique Aurélie Idier, chargée de communication du Fifav. Avec l’autorisation des producteurs et des réalisateurs, nous y avons ainsi mis en ligne gratuitement, et pour la durée du confinement, près de 50 films qui ont été visionnés par plus de 40000 utilisateurs uniques ».
Fort du succès de cette expérience digitale, et en prévision d’une édition 2020 perturbée par les contraintes sanitaires, le Fifav a très rapidement décidé d’opter cette année pour un format hybride.
« Cette année, les films seront diffusés simultanément dans la seule salle de l’auditorium de l’Espace Encan (contre deux habituellement) et en Streaming Live avec monodiffusion, ajoute Aurélie Idier. À cet effet, la société InProd TV s’occupera de la captation vidéo et de la transmission du flux des films et des échanges en direct entre l’animateur et les aventuriers, producteurs et réalisateurs. La Petite Boite gère pour sa part l’intégration, sur le site web du Fifav, de la carte virtuelle interactive qui, entre autres, permet l’accès via un pictogramme à la plateforme de diffusion Viméo sur laquelle les films seront accessibles. Les festivaliers pourront également retrouver sur cette carte interactive des interviews d’aventuriers, des bonus, des ateliers pour enfants et les coups de coeur des libraires ».
Un format inédit que le Fifav entend pérenniser en partie. « Plus que la mise en oeuvre d’un nouveau modèle économique, il s’agit plutôt pour le Fifav de répondre aux contraintes sanitaires liées à la Covid-19, mais aussi et surtout de s’adapter aux usages digitaux actuels, de développer de nouveaux services, de proposer du contenu aux personnes qui ne peuvent pas forcément se déplacer sur site, et enfin de faire vivre l’événement au-delà de la seule semaine du Festival », conclut Aurélie Idier.
De son côté, suite au report de son édition 2020, Le Festival de Musique We Love Green a pour sa part créé le site We Love Green TV qui s’est ainsi tenu en ligne du 3 au 7 juin dernier. Une édition inédite qui a réussi à rassembler plus de 80000 e-festivaliers et 520 000 vues de vidéos.
« Résilience, renaissance ? Adaptation, évolution ? C’est en tout cas un nouveau chapitre qui s’ouvre dans l’histoire de We Love Green : une ère numérique, mais belle et bien vivante. 5 jours et 5 nuits, 19 heures de concerts, de conférences, de récits, de recettes, des Lives & directs, des replays pour l’éternité, des idées renouvelées dans un Think Tank plus interactif que jamais où se sont croisées les idées fortes d’Aurélien Barrau (« C’est Tchernobyl et on refait la déco de la salle de contrôle ») et les explications limpides de François Gemenne sur le fonctionnement du GIEC ou Bertrand Badré sur la finance verte, la philosophie apaisante de Glenn Albrecht ou encore les leçons de courage de Vandana Shiva et Green Blood, peut-on lire sur le site du festival. We Love Green TV sera le médiateur de la musique, des arts et des idées de demain ».
Bien qu’elle ait particulièrement affecté certains pans de l’économie, la crise Covid-19 pourrait également être l’élément déclencheur à l’ouverture d’un nouveau business model, articulé notamment autour du digital, et qui pourrait s’installer durablement. La transformation digitale des entreprises est donc ainsi autant une opportunité de développer leur activité que, pour certaines, la pérenniser.