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Agilité et Supply Chain
Supply Chain

Repenser l’excellence opérationnelle pour gagner en agilité

Au-delà de la nécessaire transformation digitale, la performance et l’agilité de la Supply Chain passent également par la capacité de l’entreprise à adapter ses processus de transport et d’approvisionnement en fonction des nouvelles contraintes qui s’imposent à elles : variabilité et complexification des flux, évolution des canaux de distribution et des contraintes règlementaires,… Une tendance renforcée par la crise Covid-19.

Ses impacts sur la Supply Chain ont ainsi mis sur le devant de la scène les concepts de résilience et de relocalisation des chaînes de production et d’approvisionnement. Une démarche qui nécessitera une plus forte collaboration entre les différentes parties prenantes à la Supply Chain et en particulier entre les équipes logistiques et financières de l’entreprise.

Vers une stratégie de résilience

Une entreprise sur cinq, interrogées par Euler Hermes en 2020 dans le cadre de son enquête sur les chaînes d’approvisionnement, signale que sa chaîne de valeur a été fortement perturbée par la crise Covid-19.

La première mesure mise en place pour faire face à ce choc est la stratégie de couverture du risque (recours à l’assurance, la hausse des stocks ou la recherche de solutions alternatives d’approvisionnement), citée par 52 % des répondants.

Les entreprises se sont également attelées à mieux comprendre et à mieux gérer leur chaîne d’approvisionnement : 4 entreprises sur 10 indiquent qu’elles sont déjà en train de changer de fournisseurs et de déplacer une partie de leur production.

Enfin, 32 % des répondants déclarent avoir renforcé le contrôle du respect des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) par leurs fournisseurs.

« Les professionnels du secteur de la logistique ont rarement été confrontés à un choc d’une telle ampleur , précise Georges Dib, économiste en charge du commerce international chez Euler Hermes. À plus long terme, les stratégies de résilience seront néanmoins protéiformes : rapprochement des sites de production pour certaines, diversification de ces sites pour d’autres,… Les entreprises sont toujours à la recherche d’une rentabilité optimisée et de solutions de production alternatives après le choc sans précédent qu’elles viennent de connaître ».

Une tendance également relevée par Wavestone, cabinet de conseil en transformation des entreprises et des organisations. « La crise Covid a mis en lumière les limites d’une économie mondialisée et globalisée, explique Jean-Marie Paumelle, Partner et pilote de l’expertise Supply Chain chez Wavestone. Cela ne signifie pas pour autant que les entreprises vont relocaliser massivement. Néanmoins, les directions Supply Chain vont désormais prendre en compte l’événement Covid et mener des réflexions en matière de localisation des sites de production et des sources d’approvisionnements. Elles vont notamment s’attacher à les rapprocher de manière à éviter les risques de rupture dans leur Supply Chain en cas de nouvelle crise d’une telle ampleur ».

L’indispensable diversification des sources d’approvisionnement

Suite à la crise, plus de la moitié des entreprises (55 %) envisagent ainsi de chercher de nouveaux fournisseurs dans les 6 à 12 mois, et 62 % des répondants comptent le faire à plus long terme. Dans un tiers des cas, les entreprises ne cherchent pas un fournisseur dans un nouveau pays, mais dans un pays dans lequel elles sont déjà implantées et/ou dans lequel elles ont déjà noué des relations avec d’autres fournisseurs.

Par ailleurs, les entreprises semblent préférer chercher des fournisseurs dans leur pays d’origine. En d’autres termes, elles préfèrent opter pour des fournisseurs plus proches d’elles géographiquement. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles se détournent des fournisseurs chinois, qui restent populaires dans les réponses collectées par Euler Hermes dans le cadre de son enquête.

Cela pourrait être dû à la recherche continue d’optimisation de la rentabilité, dans un contexte où l’incertitude reste forte après cette crise. D’autant que les entreprises placent « l’amélioration des marges » en tête de leurs objectifs lorsqu’elles recherchent de nouveaux fournisseurs.

Tendance à un rapprochement des sites de production

D’autre part, environ une entreprise interrogée sur deux envisage de transférer ses sites de production à moyen ou long terme. Pourtant, seulement entre 10 et 15 % des répondants entendent relocaliser leur production dans leur pays d’origine.

Selon Euler Hermes, 30 % des entreprises envisagent le transfert de la production dans un pays voisin de leur pays d’origine, particulièrement si le pays visé fait partie d’une même union douanière ou d’un accord de libre-échange. 13 % des entreprises françaises placent une relocalisation en France comme premier choix en cas de changement de site de production. 18 % des répondants l’envisagent parmi leurs trois premiers choix.

Seules les entreprises américaines obtiennent un score plus élevé (17 % – 21 %). Cela peut s’expliquer par les récentes mesures politiques visant à rendre la France plus attractive et à dynamiser le « Made in France ». Le plan de relance français alloue 35 milliards d’euros au développement d’industries innovantes et au renforcement de la compétitivité internationale.

Parmi les entreprises françaises qui envisagent la relocalisation, 28 % d’entre elles mentionnent qu’elles font ce choix pour créer des emplois en France. Aucun pays ne fait mieux en la matière. Même les États-Unis arrivent en seconde position (17 %). Quoi qu’il en soit, les raisons d’une relocalisation des sites de productions sont très diversifiées : améliorer la qualité des fournisseurs, augmenter le chiffre d’affaires et les marges en réduisant les délais, mieux gérer les stocks.

 « Il convient à ce sujet que les entreprises s’interrogent sur le coût complet de la relocalisation , précise à ce sujet Yannick Huon, expert en Supply Chain au sein du cabinet Epsa. Certes, l’approvisionnement dans un pays lointain peut être moins coûteux que dans un pays plus proche, cela peut néanmoins poser des problématiques de délais de livraison et de disponibilité des produits (notamment en cas de crise comme celle que nous traversons actuellement). À l’inverse, une relocalisation de l’approvisionnement permet d’alimenter la chaîne de production plus rapidement et d’accélérer les délais de livraison. L’entreprise gagne en réactivité sur son marché et donc en satisfaction client ».

Une relocalisation directement répercutée aux consommateurs ?

De tels changements dans les chaînes d’approvisionnement ne se feront d’ailleurs pas du jour au lendemain, et les entreprises sont conscientes des difficultés qui en résultent. La hausse du coût du travail, la difficulté à trouver de nouveaux fournisseurs de qualité et les coûts d’investissement sont les défis les plus cités par les entreprises interrogées par Euler Hermes quand on évoque la relocalisation ou le passage à des fournisseurs du pays d’origine.

La plupart des entreprises qui envisagent de telles stratégies déclarent qu’elles sont prêtes à subir des coûts plus élevés pour relocaliser la production, mais 40 % d’entre elles prévoient de les répercuter sur leurs prix de ventes. Trois entreprises sur quatre estiment d’ailleurs que les consommateurs sont prêts à payer plus pour des biens produits localement.

 « Nous ne nous attendons pas à un mouvement de démondialisation, ni même à un retour au début des années 2000 », indique Alexis Garatti, directeur de la recherche économique d’Euler Hermes. Mais on voit des dynamiques différentes au sein même du commerce mondial, et donc un avenir aux facettes multiples. Les problématiques traditionnelles comme les coûts de production, la qualité et le transport continueront d’être au coeur des décisions relatives aux chaînes d’approvisionnement, mais les entreprises se soucient désormais plus des risques environnementaux, ce qui implique une plus grande surveillance dans le choix des fournisseurs et un raccourcissement des chaînes de valeur les moins respectueuses des critères ESG. Quelques relocalisations ne sont pas à exclure, mais ce ne sera le cas que si les incitations appropriées sont mises en place. D’ailleurs, 17 % des entreprises qui ne prévoient pas de réorganisation de leur chaîne de valeur estiment que la mesure qui les aiderait le plus à améliorer la résilience de leur chaîne d’approvisionnement serait des incitations fiscales domestiques qui leur permettraient de relocaliser leur production ».

Anne Del Pozo collabore depuis près de 20 ans à différents magazines en qualité de journaliste. Elle y traite de sujets articulés essentiellement autour de la finance, des flottes automobiles, du voyage et du tourisme d'affaires ou encore des ressources humaines et du numérique. Anne del Pozo participe également à la rédaction de nombreux témoignages clients et de newsletters d'entreprise.