
Pourquoi le management est-il la clé pour impulser la transformation digitale des entreprises ?
La majorité des entreprises est aujourd’hui engagée dans la transformation digitale : en mai 2018, 91 % des ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire) comptaient s’y lancer dans l’année. Cependant si 5 % des entreprises affirment avoir achevé cette transition, il n’en reste pas moins 95 % qui cherchent les bonnes solutions pour la mener à bien.
Solutions technologiques évidemment, symboles même de la transformation digitale, mais pas seulement. Pour être un succès, la transformation digitale doit embarquer et sensibiliser l’ensemble des collaborateurs, tous rassemblés autour d’une vision commune et partagée. Comment s’assurer de l’adhésion des équipes ? Quelles bonnes pratiques managériales privilégier ?
La transformation digitale réinterroge le business model et les process de l’entreprise ainsi que les fonctions des collaborateurs et donc nécessite un soutien fort du management pour incarner les nombreux changements qu’elle implique
La première difficulté rencontrée lors d’une transformation digitale est de formaliser la cible à atteindre : en effet, celle-ci n’est pas toujours claire et évolue rapidement, ce qui rend compliqué la proposition d’une vision unifiée dans laquelle se projetteraient les collaborateurs. Il s’agit donc d’essayer de formaliser ces objectifs aussi précisément que possible pour mobiliser les collaborateurs dans cette évolution.
Dans une telle configuration, le management joue un rôle déterminant. Étant simultanément « le garant de la culture et de la structure des organisations », c’est à lui que revient la tâche d’impulser une dynamique de changement mais également de s’assurer que cette nouvelle vision redescende dans toutes les strates de l’organisation. La notion d’exemplarité prend tout son sens dans les modèles de management : AXA[i] a par exemple, choisi d’entamer son virage numérique en enrichissant le portefeuille de compétences de son COMEX avec de nouveaux profils digitaux, CRM et data scientist. Cette transformation des instances dirigeantes a également ouvert la voie à une décentralisation générale : les équipes en charge de la transformation ont ainsi été réparties entre les différentes Business Unit, permettant ainsi le rapprochement des collaborateurs de la réalité du terrain.
L’exemple d’AXA n’est pas un cas
isolé : en effet, le choix d’organiser l’entreprise en îlots décisionnels
a été pris par bon nombre de sociétés. Il reprend les principes fondateurs de
la méthode agile qui entend redistribuer le pouvoir décisionnaire au
sein d’une équipe composée d’un Product Owner,
garant des validations et décisions, et de contributeurs métiers, fournisseur
de besoins et testeurs. La démarche rompt avec le principe de décision purement
vertical, elle accélère les cycles de mise en production et favorise ainsi
l’appropriation du produit et/ou du projet par les collaborateurs. C’est également
par un rapprochement de collaborateurs historiquement peu amenés à travailler
ensemble que la transformation digitale peut se concrétiser. La transversalité
se met réellement en place : les métiers (marketing, finance, digital, etc.)
collaborent pleinement avec les équipes IT.
Par Mathilde Tignon, Directrice associée Pôle Digital et Gabrielle Girault, Consultante – Cabinet PMP
[i] Livre Blanc EY & EBG La Transformation Digitale au sein des Organisations, 2019