
L’Europe à l’heure du défi de l’uberisation
On aurait tort de croire que seule la France est confrontée au défi de « l’uberisation » de son économie. Passé le débat sur l’offre concurrentielle en matière de transport à la personne ou d’hébergement qui ont agité l’hexagone, l’Europe tout entière prend la mesure du numérique appliqué au secteur marchand ou de service, avec ses succès et ses échecs.
Ainsi, concernant l’ubérisation, Uber, plate-forme de VTC américaine a quitté la Hongrie la semaine passée ; ce pays membre ayant légiféré pour interdire aux conducteurs hongrois, l’usage de leur véhicule à des fins commerciales. De son côté Airbnb, géant de l’hébergement collaboratif, a scellé un accord avec Carlson Wagonlit, American Express et BCD afin d’accélérer le développement du voyage d’affaires. On imagine parfaitement que la combinaison de l’espace Schengen et de la monnaie unique ne peuvent qu’être bénéfiques à l’économie collaborative européenne.
L’Europe pour un marché numérique communautaire
D’ailleurs, la Conférence franco-allemande sur la transformation numérique des économies, qui s’est tenue au Palais de l’Elysée à l’automne dernier l’a confirmé. Le Président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a ainsi affirmé en la matière, que « la seule échelle nationale ne pouvait suffire » et que l’Europe était « l’échelle pertinente ». La réflexion menée par ces instances se veut prospective. Elle vise à lever les barrières en direction des entreprises pour qu’elles trouvent, hors des frontières nationales, des compétences afin d’opérer des transitions dans leur pays d’origine.
Vers un environnement réglementaire ouvert et équitable
Ce serait sans doute l’occasion d’unifier le marché unique européen encore trop divisé par ses 28 économies nationales et de répondre aux exigences des chefs d’entreprises et des investisseurs qui souffrent de petits marchés fragmentés. Un nouveau cadre qui exigera d’harmoniser les exigences sociales par le haut. Le dernier rebondissement dans la requalification des salariés de Uber en France en est un bon exemple et devrait encourager le législateur européen. Le développement d’un marché numérique européen serait en tout cas cohérent avec celui de la e-concurrence, à la condition que les règles du jeu soient parfaitement établies pour les consommateurs et les prestataires ; l’un et l’autre devant être protégés par un environnement réglementaire ouvert et équitable.
Il reste maintenant à encourager les PME françaises dans cette aventure et à positionner la France comme un pays moteur car c’est par le continent européen, avec un avenir numérique commun que nous retrouverons sans doute une grande partie de notre compétitivité.
Tribune de Julien Pérona, PDG d’Addworking, agence d’emploi digital spécialisée dans le hors salariat.