Les projets de transformation digitale dans les entreprises s’accélèrent
En Europe comme en France, les dirigeants d’entreprise sont actuellement confrontés à des pressions économiques et à des défis au sein de leur organisation qui les poussent à adopter de nouvelles technologies et méthodes de travail. Des enjeux d’autant plus fort dans le secteur industriel.
Quels que soient leur taille et leur secteur d’activité, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à basculer vers la digitalisation de leurs processus. Dans une étude menée en 2023, Statista prévoit ainsi que les investissements mondiaux dans la transformation numérique dépasseront les 3 milliards de dollars en 2026. Une tendance qui s’est notamment accélérée depuis la Covid-19, laquelle a mis en exergue l’importance du numérique pour maintenir son activité en période de crise sanitaire.
Ce point de vue rejoint d’ailleurs celui des entreprises ayant surmonté la crise de 2008-2009 qui, pour leur part, considéraient la transformation numérique comme un outil permettant de résister à la tempête économique. Il n’est donc pas étonnant que 94 % d’entre elles souhaitent accélérer ou au moins maintenir le rythme actuel de leurs efforts de transformation.
Les crises, vecteur d’accélération des projets de transformation digitale
« D’autant que la succession de crises que nous traversons depuis plusieurs années maintenant ne devrait pas renverser cette tendance », analyse pour sa part Pierre Hartmann, responsable avant-vente chez Forterro, éditeur européen de logiciels et de services ERP pour le secteur industriel.
Ainsi, selon l’étude Shaping the Future of Manufacturing (IFS/IDC IntoBrief, 2023), l’augmentation du coût de la main-d’oeuvre (61 % au global et 29 % en France), du coût des matières premières (42 % au global et 43 % en France) ainsi que les problèmes liés à la Supply Chain (42 % au global et 22 % en France) sont les principaux obstacles auxquels se heurtent actuellement les fabricants.
« Aujourd’hui, les crises économiques, financières et géopolitiques continuent ainsi de peser sur les coûts des matières premières et de l’énergie, poursuit Pierre Hartmann. Dans ce contexte, les entreprises surveillent d’encore plus près leurs coûts de production, leurs taux de marge ou encore la qualité de leurs produits et portent par ailleurs une attention toute particulière à la sécurisation de leur chaîne d’approvisionnement ».
Une tendance également observée par Stéphane Douce, responsable BU COBuy, logiciel collaboratif de gestion des achats et des relations fournisseurs (filiale d’Oxalys) pour qui, « en ces périodes économiques et financières mouvementées, les entreprises sont particulièrement vigilantes à leurs différents coûts, directs et indirects. C’est plus particulièrement le cas des entreprises industrielles qui consacrent en moyenne 50 % de leur chiffre d’affaires aux achats ».
Or, selon le Digital Maturity Report de DocuSign, les entreprises ayant une maturité numérique optimale sont trois fois plus susceptibles d’avoir une résilience transformatrice et seront en capacité de faire face aux perturbations, mais aussi d’innover et de prospérer en dépit de celles-ci.
La recherche de productivité toujours d’actualité
Cette capacité d’innovation est d’ailleurs aussi l’une de leur préoccupation. En effet, au-delà de leur résilience aux crises, les entreprises restent également confrontées à de forts enjeux de compétitivité, auxquels l’innovation et les investissements dans le digital apportent déjà des éléments de réponse. Ces enjeux sont d’autant plus exacerbés aujourd’hui que les entreprises sont de plus en plus nombreuses à relocaliser leur chaîne d’approvisionnement en France ou dans des pays limitrophes, afin de la sécuriser davantage et éviter des ruptures dans leur chaîne de valeur. Une démarche qui a un coût et nécessite donc de trouver de nouveaux gains de productivité sur d’autres postes.
« Or, la productivité des dirigeants et des collaborateurs passe notamment par la digitalisation de leurs processus métiers », souligne Fabien Bréget, CEO de Nomadia. Pour le moment, les processus et outils manuels obsolètes entravent encore leur productivité ainsi que leur stratégie de croissance future. Toujours selon le Digital Maturity Report, les décideurs européens passent toujours beaucoup trop de temps (12 heures par semaine) à effectuer des tâches répétitives sans aucune valeur ajoutée.
Cependant les entreprises, conscientes de l’impact du digital sur leur productivité, tendent néanmoins à renforcer leurs investissements dans le numérique. Elles seraient ainsi 70 % à augmenter leurs investissements dans le numérique et l’adoptent afin de gagner en compétitivité dans une environnement commercial en constante évolution.
La main-d’oeuvre devient un enjeu clé
L’accélération de la transformation digitale des entreprises répond également aux attentes des collaborateurs qui souhaitent consacrer davantage de temps à des tâches utiles, performantes (44 %) ou stratégiques (46 %) et qui cherchent à cet effet à intégrer des entreprises ayant engagé leur transition numérique.
« Le déploiement d’une stratégie et de processus numériques adéquats permettra non seulement de renforcer la résilience de l’entreprise, mais aussi de freiner l’exode potentiel des compétences et des meilleurs talents », analyse Ronan Copeland, Group VP and General Manager EMEA DocuSign.
Un point à ne pas négliger au regard des difficultés que rencontrent actuellement les entreprises pour recruter et fidéliser leurs collaborateurs. Cette tendance est notamment portée par un marché de l’emploi sous tension sur différents métiers. Selon le rapport DocuSign, un tiers des personnes qui envisagent de quitter leur emploi souhaitent le faire pour être engagées par des entreprises situées à l’avant-garde du numérique, car elles ne sont pas satisfaites de devoir utiliser des systèmes et des processus devenus obsolètes.
Les stratégies RSE portent la digitalisation
Cette tendance va d’ailleurs de pair avec la mise en place des stratégies RSE dans les entreprises. En effet, de plus en plus d’entreprises misent sur le digital pour les accompagner dans leurs démarches sociales et sociétales, ou en faveur de l’environnement.
27 % des personnes interrogées dans le cadre du Digital Maturity Report estiment ainsi que les choix numériques permettent de réduire les déchets et de mieux soutenir les objectifs de durabilité de l’entreprise. Et elles sont 24 % à affirmer que cela contribuerait aux engagements environnementaux, sociétaux et de gouvernance de leur entreprise (ESG).
« En réduisant les distances parcourues et le temps passé sur les routes par les collaborateurs itinérants, une solution d’optimisation des itinéraires leur permet de gagner du temps sur leurs trajets et de rentrer plus tôt chez eux, ce qui contribue à un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, poursuit Fabien Bréget. D’autre part, elle permet aux entreprises de réduire leur consommation de carburant et leurs émissions de CO2 ».
La transformation digitale, nécessité autant qu’opportunité
Il ne fait ainsi plus de doute que la transformation digitale des entreprises soit devenue ces dernières années un élément clé des stratégies de croissance des entreprises. D’ailleurs, selon l’étude Samsara, les entreprises ayant le plus haut niveau de maturité digitale ont six fois plus de probabilité de dépasser leur objectif financier, et ce d’au moins 25 %.
Des chiffres que conforte le rapport de Shaping the Future of Manufacturing d’IFS, selon lequel les fabricants ayant optimisé leur transformation digitale ont vu leurs bénéfices augmenter de 40 % (43 % en France) par rapport aux entreprises d’une moindre maturité digitale. Le rapport DocuSign constate pour sa part que 43 % des décideurs sont d’ailleurs déjà convaincus par le numérique. D’autre part, 63% des personnes interrogées reconnaissent que les améliorations numériques apportées au sein de leur organisation vont au-delà des processus et contribuent à soutenir les objectifs de durabilité et d’inclusion.
Aujourd’hui, les investissements dans les nouvelles technologies doivent se poursuivre voire s’accélérer. Une démarche qui se justifie d’autant plus que certaines technologies arrivent aujourd’hui à maturité, tandis que d’autres, plus innovantes, laissent apparaître de réels bénéfices pour les entreprises qui les mettraient en oeuvre.