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estimation du « point de basculement » de l’Industrie 4.0
Les actualités du digital

L’Industrie 4.0, une course à deux vitesses

Pour les manufacturiers, la question cruciale n’est plus de savoir « si » il faut investir dans la transformation digitale mais plutôt « quand » investir. Dans sa dernière étude, Siemens Financial Services (SFS) dresse une estimation du « point de basculement » de l’Industrie 4.0, c’est-à-dire le moment où la première moitié de fabricants auront substantiellement migré vers les plateformes de production digitale.

Bien que la plupart des fabricants comprennent les avantages de la transformation digitale, l’Industrie 4.0 exige d’évoluer à un rythme que la majorité des fabricants ne peuvent pas encore tenir.[1] Alors que les précurseurs gagneront un sérieux avantage concurrentiel sur leurs rivaux (soit un gain de 25 % sur le rendement des capitaux engagés (ROCE) d’ici 2035[2]), l’autre moitié de la communauté manufacturière devra se contenter de rattraper son retard.

Les adoptants tardifs pourront toujours bénéficier des réductions de coûts et des économies liées à la transformation digitale, mais leur investissement ne représentera qu’un simple ré-alignement obligatoire pour rester compétitifs. Il est donc primordial de savoir de combien de temps disposent les fabricants pour faire partie de cette première cohorte.  

Dans son tout dernier rapport intitulé « Compte à rebours avant le point de basculement de l’Industrie 4.0 », SFS a interrogé plus de 40 fabricants, associations professionnelles et universitaires du monde entier, afin d’estimer les opportunités dont disposent les fabricants pour obtenir le retour sur investissement escompté de leurs initiatives de transformation digitale. Les personnes interrogées ont estimé que les grands fabricants devraient atteindre le point de basculement dans 5 à 7 ans tandis que les PME du secteur manufacturier devraient y parvenir dans 9 à 11 ans[3], preuve d’une course digitale à deux vitesses.

Les personnes interrogées ont également été questionnées sur la proportion de fabricants ayant mis en œuvre un projet pilote significatif lié à l’Industrie 4.0. Il ressort de l’étude que 70 à 80 % des grands fabricants ont mis en œuvre un projet pilote significatif, contre seulement 40 à 50 % des PME.

Néanmoins, si leur taille et leur pouvoir sur le marché ont placé les grands acteurs en tête de la course aux essais pilotes, leur parcours sera toutefois probablement plus complexe et long, ce qui donnera aux petits acteurs agiles l’opportunité de tordre le cou aux idées fausses concernant la faisabilité de leur transformation digitale.

Les fabricants interrogés ont jugées que les difficultés dans la mise en œuvre de leur transformation digitale tournaient généralement autour de la question du financement : comprendre les avantages commerciaux de l’industrie 4.0, en sachant qu’il y aura un retour sur investissement fiable, et payer la technologie de l’Industrie 4.0 à un rythme plus lent ou égal aux gains commerciaux escomptés. Toutefois, ces difficultés peuvent être surmontées grâce à des techniques de financement intelligentes, appelées Financement 4.0.

Alors que les financiers traditionnels ne proposent pas de mécanismes adaptés à ce type de projet, ces mécanismes de Financement 4.0 sont généralement proposés par des prestataires spécialisés.  Ces financiers, qui connaissent le secteur manufacturier d’une manière générale et la digitalisation en particulier, adapteront le mécanisme de financement de façon à s’aligner sur les bénéfices ou sur les « résultats » potentiels que l’industriel tirera de la technologie.

Les économies ou les gains tirés de l’accès à la technologie seront utilisés pour financer les paiements mensuels, ce qui signifie que la technologie ne coûte rien à l’industriel. En outre, ces options de financement de l’équipement et de la technologie permettent aux fabricants de s’équiper pendant la période de financement et les protègent de l’obsolescence technologique, ce qui laisse aux fabricants une marge de manœuvre supplémentaire pour déployer l’Industrie 4.0 et d’évoluer aussi rapidement que la demande de produits.

Bien que les bénéfices de la migration vers un environnement manufacturier digitalisé soient évidents, le processus de transition doit être géré avec précaution et le risque commercial doit être écarté en testant rigoureusement la nouvelle technologie dans l’environnement de production réel. Cela constitue souvent un obstacle à la transformation digitale, car les industriels peuvent être découragés par l’idée de devoir payer à la fois pour le système pilote et pour la mise en œuvre progressive pendant la période de transition.

Pour répondre à ces défis, les mécanismes de financement intelligents permettent de différer le paiement du nouveau système jusqu’à ce qu’il soit parfaitement opérationnel. Cela évite à l’industriel de devoir payer pour le nouveau système alors que l’ancien est encore en place, tout en réduisant le risque que le projet pilote ne se transforme en purgatoire pour les fabricants.

À l’heure où la transformation digitale gagne en vitesse, les fabricants ont de plus en plus recours à des options de financement intégrées pour faciliter leurs investissements dans l’Industrie 4.0 et pour accélérer leur transition vers la digitalisation. En permettant aux fabricants d’investir immédiatement grâce aux solutions de financement flexibles, ces derniers peuvent tirer un avantage concurrentiel de l’Industrie 4.0 avant le point de basculement, après lequel l’avantage offert aux précurseurs aura largement diminué.


Par Thierry Fautré, Président de Siemens Financial Services, France


[1] KPMG, « A reality check for today’s C-suite on Industry 4.0 », 2018

[2] Roland Berger, « Industrie 4.0 : la transition quantifiée », 9 juin 2016

[3] Siemens Financial Services, « Compte à rebours avant le point de basculement de l’Industrie 4.0 », 2019

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