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La recherche sur l'intelligence artificielle s'organise
Intelligence Artificielle

Intelligence artificielle : La recherche s’organise

Afin d’accélérer l’émergence de l’intelligence artificielle, l’État s’est par ailleurs engagé à consacrer 1,5 milliards d’euros d’ici la fin du quinquennat au développement de l’IA, dont 700 millions d’euros pour la recherche.

L’État investit dans la recherche de pointe en IA

Dans le cadre du budget alloué au programme AI for Humanity, le gouvernement a notamment souhaité créer un réseau composé d’un petit nombre d’Instituts Interdisciplinaires d’Intelligence Artificielle (3IA), ainsi qu’un programme de chaires de très haut niveau et de soutien à des doctorants, de façon à mobiliser l’ensemble du potentiel français en IA.

« Alors que la compétition mondiale pour les talents et la recherche de pointe en IA n’a probablement jamais été aussi forte, le déploiement à bon rythme du programme national de recherche en IA est indispensable pour donner corps à la stratégie AI for Humanity impulsée par le Président de la République, indique Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. C’est seulement sur la base d’une recherche forte que nous pourrons faire valoir au plan international les valeurs éthiques que nous défendons tout en soutenant nos entreprises. J’attends des 3IA qu’ils fonctionnent rapidement en réseau au plan national avec l’appui de l’Inria qui coordonne le programme national de recherche, avec leurs homologues allemands et plus largement avec les meilleures institutions de recherche mondiale en IA ».

Après audition par un jury international, quatre 3IA ont ainsi été retenus : le site de Grenoble « MIAI@Grenoble Alpes » avec pour applications privilégiées la santé, l’environnement et l’énergie ; celui de Nice-Sophia Antipolis « 3IA Côte d’Azur », avec pour applications privilégiées la santé et le développement des territoires ; celui de Paris « Prairie » avec pour applications la santé, les transports et l’environnement et enfin celui de Toulouse « Aniti » avec pour applications privilégiées le transport, l’environnement et la santé. Ils sont labellisés pour une période initiale de quatre ans, assortie d’un financement minimal au titre du programme prioritaire de recherche du PIA3 qui mobilisera 75 millions d’euros. En tenant compte des co-financements représentant un apport au moins équivalent par les partenaires publics et par les partenaires privés, les financements que les 3IA mobiliseront pour conduire leur programme de recherche, de formation et d’innovation seront donc a minima de 225 millions d’euros.

Les partenariats académiques

Au-delà des instituts de recherche, les entreprises ont également un rôle à jouer dans le développement de l’IA. Pour renforcer leurs travaux de recherches et développement et se faire accompagner dans leurs démarches en la matière, elles ont la possibilité de nouer des partenariats avec les écoles et les universités, notamment au travers de chaires.

« Les chaires ont pour vocation de mutualiser les expériences industrielles et académiques, explique Florence d’Alché-Buc, enseignante et chercheuse à Télécom Paris en informatique et mathématiques appliquées. Les industriels sont intéressés pour connaître et suivre les recherches académiques menées par les écoles et les universités sur des axes d’intérêts communs. Les écoles et les universités, pour leur part, sont intéressées par les mises en pratique réelles que leur proposent les entreprises. Ces dernières mettent en effet à notre disposition des jeux de données réelles et nous posent des défis et des problématiques sur lesquelles travailler. L’objectif consiste, au travers de ces chaires, à faire émerger de nouvelles innovations et inventions ».

Plusieurs chaires sur des sujets liés à l’intelligence artificielle sont ainsi proposées par les écoles et universités. C’est notamment le cas à Télécom Paris avec la chaire Data Science & Artificial Intelligence for Digitalized Industry & Services (DSAIDIS), établie avec l’aide de la Fondation Mines-Télécom et le mécénat d’Airbus Defence & Space, Engie, Idemia, Safran et Valeo.

« Qu’ils soient destinés à l’aide à la décision dans des domaines sensibles (défense, santé, transport…) ou simplement à garantir la confiance dans une technologie avant son adoption, les systèmes d’intelligence artificielle doivent être capables de justifier leurs décisions, de prouver leur robustesse face aux attaques et aux erreurs, de conserver une trace de leur apprentissage et de permettre que leurs décisions puissent être interprétées, explique Florence d’Alché-Buc. Par ailleurs, lorsqu’ils sont embarqués dans un environnement mobile, les systèmes d’IA doivent pouvoir communiquer avec cet environnement, connaître leurs propres points faibles et continuer à s’améliorer au moyen d’interactions pertinentes. Autant de défis que les équipes de recherche de Télécom Paris entendent relever, notamment dans le cadre de cette chaire qui s’articule autour de quatre axes de recherches : développement d’une analyse prévisionnelle des séries temporelles et des flux de données ; exploitation à grande échelle de données partiellement étiquetées et hétérogènes ; apprentissage statistique au service d’une prise de décision fiable et rigoureuse ; et un apprentissage qui dialogue avec son environnement ».

Gage de l’importance des chaires dans le paysage R&D sur l’IA, la stratégie AI for Humanity du gouvernement intègre également un programme pluriannuel de 40 Chaires en Intelligence Artificielle (Chaires IA). Ce programme ambitionne que les meilleurs talents choisissent de s’établir durablement en France et puissent, à leur tour, former les futures générations de chercheurs et professionnels de l’IA, dans des métiers qui restent largement à imaginer.

Cet appel « Chaires de recherche et d’enseignement en IA (Chaires IA) » a précisément pour objectif d’offrir à des chercheurs français et étrangers, avec le concours des établissements d’accueil, des moyens substantiels pour constituer une équipe et réaliser un projet ambitieux dont un impact visible est attendu.

Les partenariats bilatéraux

Au-delà des chaires, nombre d’entreprises passent des contrats bilatéraux avec les écoles et universités ou mettent en place des laboratoires communs. « Des partenariats au travers desquels les différentes parties prenantes s’entendent sur des sujets de recherche et développement et sur une enveloppe budgétaire, qui permettent aux entreprises de bénéficier notamment du travail de doctorants », précise Florence d’Alché-Buc.

Le CETIA, centre d’excellence Tessi en Intelligent Automation, a ainsi noué des partenariats avec l’Ensimag et le GEM Grenoble et accueille, de manière récurrente, les chercheurs, stagiaires et doctorants. Dimo Software pour sa part s’est appuyé sur Insavalor, la filiale de Recherche et développement, valorisation et formation continue de l’Insa Lyon pour réaliser ses premiers développements autour de l’intelligence artificielle.

« Nous ne disposions alors pas des compétences en interne pour mener à bien un projet embarquant des technologies d’intelligence artificielle, et dont l’objectif consistait à passer d’une photo d’un justificatif de frais à une écriture comptable, précise Jean-Paul Genoux, directeur général de DIMO Software. Notre partenariat avec Insavalor nous a permis de bénéficier de l’expertise de chercheurs issus de la sphère publique et de mettre en oeuvre ce projet en moins de six mois ».

Certaines entreprises vont jusqu’à prendre part à des travaux de recherche et développement dans le cadre de projets pilotés par des laboratoires. MomentTech, une des sociétés actives de la French Tech, a activement contribué à la création du DataLab Normandie, lancé en juin 2019 par Hervé Morin, président de la Région Normandie, et Françoise Guégot, vice-présidente de la Région Normandie en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche, de l’innovation et du développement numérique.

« DataLab Normandie est un laboratoire de données qui rassemble des partenaires privés et publics, des entreprises innovantes, des laboratoires de recherche, des collectivités, dans un cadre sécurisé, éthique et confidentiel, présente Denis Escudier, directeur commercial de MomentTech. Les partenaires, publics et privés, expérimenteront et innoveront à partir des données numériques que chacun produit pour les exploiter à des fins d’analyse, d’amélioration de processus de production, de la relation avec des clients, d’évaluation ou de prospective. Tous les domaines sont potentiellement concernés par les recherches entreprises dans ce laboratoire : santé, transport, environnement, agriculture, emploi, banque, assurance, immobilier… ».

Enfin, pour mener leurs travaux de recherche et développement, les entreprises ont également la possibilité de s’appuyer sur le dispositif CIFRE (Conventions Industrielles de Formation par la Recherche). Ce dispositif subventionne toute entreprise de droit français qui embauche un doctorant pour le placer au coeur d’une collaboration de recherche avec un laboratoire public. Les travaux aboutiront à la soutenance d’une thèse en trois ans.

Les accompagnements privés

Les entreprises qui entendent embarquer des technologies artificielles pour améliorer leurs processus peuvent également s’appuyer sur les prestations d’audit et de conseil délivrées par des sociétés privées, elles-mêmes spécialisées dans les nouvelles technologies.

« Tout l’enjeu consiste alors à bien cibler l’action à mettre en place et ce dont l’entreprise a réellement besoin, précise Pierre Charara, directeur du CETIA. Cette première étape d’audit en amont est indispensable, d’autant qu’il arrive que certains process ne soient pas éligibles à l’intelligence artificielle ».

Une démarche dans le cadre de laquelle le CETIA mais également d’autres entreprises telles que MomentTech ou EURODECISION, proposent d’accompagner les entreprises. « Nous réalisons alors une analyse du besoin de l’entreprise et cartographions ses process de manière à identifier ceux sur lesquels il est possible d’embarquer des technologies d’intelligence artificielle, de robotisation ou d’automatisation, ajoute Pierre Charara. Nous mesurons ensuite le coût de mise en oeuvre et le retour sur investissement qui peut en être attendu. Tout l’enjeu in fine, consiste à conseiller l’entreprise sur la pertinence ou non, de mettre en oeuvre un projet autour de l’intelligence artificielle ».

EURODECISION, pour sa part, décline son accompagnement autour d’une offre de conseil pour faire du cadrage de projet, et d’une offre de conseil outillé. « Au travers de notre Département Conseil, nous entendons aider nos clients à identifier des leviers d’optimisation et à appliquer des décisions leur permettant d’atteindre un avantage compétitif durable, précise Ronan Bars, directeur général d’ EURODECISION. En qualité d’expert en mathématiques décisionnelles, notre singularité se caractérise par une forte dimension analytique et quantitative dans notre manière d’aborder les problématiques. Ainsi, le point commun de nos prestations de conseil est l’utilisation de modèles mathématiques nous permettant d‘appuyer de manière chiffrée toutes nos recommandations clients. Notre expérience nous a ainsi permis de développer des expertises métiers en conseil en planification des ressources humaines, en optimisation logistique & Supply Chain ou encore, en Pricing & Revenue Management* ».

* Soit une gestion optimisée du prix avec une gestion des capacités de remplissage, par exemple dans les domaines de l’hôtellerie ou de l’aérien.

Anne Del Pozo collabore depuis près de 20 ans à différents magazines en qualité de journaliste. Elle y traite de sujets articulés essentiellement autour de la finance, des flottes automobiles, du voyage et du tourisme d'affaires ou encore des ressources humaines et du numérique. Anne del Pozo participe également à la rédaction de nombreux témoignages clients et de newsletters d'entreprise.